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L’Épopée de Gilgamesh – Épisode 35

Quelques prémices

Une, si ce n’est pas la plus ancienne histoire de l’humanité

L’Épopée de Gilgamesh est un récit épique de la Mésopotamie. Faisant partie des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, la première version connue a été rédigée en akkadien dans la Babylonie du XVIIIe au XVIIe siècle av. J.-C.  Source

La réalité de l’existence de Gilgamesh

Il est courant de trouver dans les ouvrages spécialisés que Gilgamesh est un personnage qui a probablement existé, avant d’être « héroïsé » puis divinisé par les générations qui lui ont succédé. Mais, il manque une preuve déterminante de la réalité de son existence, qui reste toujours non prouvée. Il est donc à classer au même titre que le roi Arthur dans la catégorie des personnages dits « semi-légendaires », apparaissant comme des héros dont les légendes semblent comprendre des éléments historiques. Mais, quant à déterminer quelles sont les parts respectives des faits réels et des légendes, si un roi de ce nom a bien vécu, s’il s’agit de l’amalgame de différents personnages, ces questions restent posées.

Si l’on se fie à de nombreuses traditions le concernant, il est un ancien roi d’Uruk passé à la postérité. La plus ancienne allusion à ce personnage le mettant en rapport avec cette cité est datée du temps du roi Utu-hegal d’Uruk (2120-2112 av. J.-C.), mais il s’agit alors du dieu. C’est sous ses successeurs de la Troisième dynastie d’Ur que ce personnage apparaît dans les textes en tant que roi d’Uruk. Les souverains d’Ur III Ur-nammu (2112-2094 av. J.-C.) et Shulgi (2094-2047 av. J.-C.) se présentent comme étant ses « frères et amis », cherchant à se faire voir comme ses héritiers (leur dynastie semble être originaire d’Uruk).

Nommé dans les Manuscrits de la mer Morte

Gilgamesh est mentionné dans deux parchemins des Manuscrits de la mer Morte datant du Iᵉʳ siècle av. J.-C., retrouvés dans la grotte 4 de Qumran, écrits en araméen. Ce personnage est un des « géants » nés de l’union entre des démons et des mortelles, symbolisant peut-être pour les sectes à l’origine de ces textes la pensée des Gentils (c’est-à-dire les Grecs), qui seraient issus de démons.

Source


L’Épopée

Les débuts : Un Roi glorieux, mais…

 Gilgamesh est fils de la déesse Ninsun (déesse du gros bétail. Taureaux ?) et Lugalbanda roi déifié de la cité d’Uruk.

Gilgamesh est le roi d’Uruk, plus grand, plus fort, plus beau et possédant une plus grande longévité que les humains. Il est un roi tyrannique et orgueilleux : il fait construire des statues immenses en son honneur, séduit toutes les femmes qui lui plaisent et ce même celles issues des familles nobles, et se permet de “consommer” en premier la mariée de tous les mariages dans sa cité.

La naissance d’Enkidu et sa rencontre avec Gilgamesh

Cela a provoqué le mépris de ses sujets qui se mirent prier les dieux afin que les choses changent et que Gilgamesh soit ramené à la raison. Anu, le dieu suprême, ordonna à Aruru (Ninhursag), déesse de la terre, de concevoir un être capable de rivaliser avec Gilgamesh. À partir d’un morceau d’argile, Aruru créa un être mi-homme mi-animal (avec des cornes de taureau). Ainsi naquit Enkidu!

Enkidu était un être sauvage, sans famille ni concitoyens. Il vivait en harmonie avec des animaux, broutait avec de gazelles et buvait dans des sources avec des lions. Il était devenu leur protecteur en détruisant les pièges des chasseurs.

(Et c’est là), dans la steppe,
(Qu’) elle forma Enkidu-le-preux.
Mis au monde en la Solitude,
Aussi compact que Ninurta.
Abondamment velu par tout le corps,
Il avait une chevelure de femme,
Aux boucles foisonnant comme un champ d’épis.
Ne connaissant ni concitoyens, ni pays,
Accoutré à la sauvage,
En compagnie des gazelles, il broutait ;
En compagnie de (sa) harde, il fréquentait l’aiguade ;
Il se régalait d’eau en compagnie des bêtes.

— Tablette I de la version standard de l’Épopée de Gilgamesh, traduction de J. Bottéro

En apprenant l’existence d’Enkidu, Gilgamesh envoya Smamhat afin de le corrompre. En voyant la beauté de la prêtresse, d’instinct Enkidu fut attiré. Ils passèrent six jours et sept nuits à faire l’amour. À la fin de leurs ébats, Enkidu fut rejeté par les animaux qui fuirent à sa vue, il devint civilisé, apprit à porter des vêtements et se nourrir comme des humains. Ainsi, une femme ramena le sauvage à la civilisation.

Quand elle eut laissé choir son vêtement,
Il s’allongea sur elle,
Et elle lui fit, à (ce) sauvage,
Son affaire de femme,
Tandis que, de ses mamours, il la cageolait.
Six jours et sept nuits, Enkidu, excité,
Fit l’amour à Lajoyeuse (Shamhat) !
Une fois soûlé du plaisir (qu’)elle (lui avait donné),
Il se disposa à rejoindre sa harde.
Mais, à la vue d’Enkidu,
Gazelles de s’enfuir,
Et les bêtes sauvages de s’écarter de lui.

— Tablette I de la version standard, traduction de J. Bottéro

Shamhat révéla à Enkidu l’existence de Gilgamesh et sa tyrannie. Il eut un jour de mariage, et alors que Gilgamesh s’apprêtait à prendre son “dû”, Enkidu s’interposa et lui dit ses quatre vérités.

Personne n’a osé jusqu’ici se mettre sur le chemin du roi d’Uruk. Cet affront ne pouvait pas rester impuni et un combat s’enclencha. C’est Gilgamesh qui porta le premier coup !

Le combat dura pendant sept jours, sans que l’un puisse prendre le dessus sur l’autre. Plusieurs maisons ont été détruites.

Aucun des deux ne pouvait l’emporter, leurs forces étaient égales.

Au bout de sept jours de combat acharné, un sentiment de respect mutuel naquit entre deux colosses.

Gilgamesh proposa une trêve et un pacte d’amitié à Enkidu.

Ce dernier accepta et gagna ainsi un proche de confiance.

Quant à Gilgamesh, à partir de ce jour, il devint un roi plus juste et attentif à ses sujets.

Un duo invincible ?

Pendant plusieurs années, Gilgamesh et Enkidu ont connu des nombreuses aventures durant lesquelles ils ont vaincu des nombreux adversaires puissants.

Mais, Gilgamesh était obsédé par sa mortalité.

Ainsi, pour immortaliser leurs noms et malgré des nombreux avertissements, Gilgamesh demanda à Enkidu d’aller dans la foret des cèdres du Liban et vaincre Humbaba, un démon (gardien de la foret) si puissant que même les dieux le respectaient.

Humbaba n’avait jamais quitté la forêt et n’a commis aucune action susceptible de provoquer l’attaque de Gilgamesh.

 Alerté par leur présence, Humbaba se présente à eux. Il semble connaître ses deux assaillants et tente de les dissuader.

Enkidu prend peur, mais Gilgamesh l’affronte. Ils sont aidés dans leur combat par le dieu Shamash (dieu du Soleil). Vaincu, Humbaba implore Gilgamesh de lui laisser la vie sauve. Cependant, Enkidu le presse de l’achever, ce que fait Gilgamesh, juste après qu’Humbaba a le temps de marmonner un dernier sort.

Avant de mourir, Humbaba les maudit tous les deux, disant que l’un deux mourrait en punition de ce qu’ils avaient fait.

Les deux vainqueurs retournent à Nippur avec le plus grand cèdre de la forêt et la tête d’Humbaba.

Bien que Gilgamesh et Enkidu avaient accompli un grand exploit, la mort de Humbaba provoqua la colère des dieux.

Pendant les célébrations organisées pour fêter leur exploit, une invitée surprise fit son apparition. La déesse Ishtar, impressionnée par la beauté et la force de Gilgamesh, elle tente de le séduire.

Gilgamesh refuse ses avances prétextant le destin tragique connu par ses amants précédents.

Ishtar, fou de rage d’être rejetée par un mortel, jure de se venger. Elle demande à son père, Anu, d’envoyer la plus puissante des créatures afin de tuer Gilgamesh et Enkidu. Le dieu Anu envoya le taureau céleste sur la terre pour détruire la ville d’Uruk et Gilgamesh. Le taureau descendant du ciel apporte avec lui sept années de famine, des ouragans et des tremblements de terre. Le peuple d’Uruk implora Gilgamesh et Enkidu afin qu’ils détruisent la bête céleste.

L’énorme confrontation entre deux demi-dieux et la bête céleste ébranla toute la Mésopotamie.

Ensemble, ils arrivent à vaincre la bête. Pendant qu’Enkidu la tenait par les cornes, Gilgamesh lui porta le coup fatal.

En signe de mépris, Gilgamesh coupa une patte du taureau et la jeta aux pieds de la déesse Ishtar. Non seulement Ishtar, mais les autres dieux se soulevèrent contre Gilgamesh et Enkidu décidant de les punir.

Après s’être consulté, les dieux ont décidé que c’est Enkidu qui devait mourir.

Peu de temps après, Enkidu tomba gravement malade. Malgré les efforts désespérés de Gilgamesh de rassembler les meilleurs médecins du royaume pour trouver un remède, il n’y avait rien à faire. Enkidu mourut dans des terribles souffrances, entre les bras de Gilgamesh qui pleura amèrement durant des jours.

Ô chemins (qu’avait pris) Enkidu jusqu’à la Forêt des Cèdres,
Pleurez-le, jour et nuit, sans répit !
Pleurez-le, ô Anciens, parmi les larges rues d’Uruk-les-clos !
Pleure-le, foule (!) qui nous suivait, en nous saluant !
Pleurez-le, passes (?) étroites des régions montagneuses,
Que nous avons escaladées de conserve (?) !
Lamente-le, campagne, comme (si tu étais) sa mère !
Pleurez-le […] Cyprès et Cèdres,
Entre lesquels, dans notre fureur,
Nous avons fait un carnage (?) !
Pleurez-le, ours, hyènes, panthères, tigres (?), cerfs (et) guépards,
Lions, buffles, daims, bouquetins, grosses et petites bêtes sauvages !
Pleure-le, Ulaia (un fleuve) sacré, aux bords duquel nous nous pavanions !
Pleure-le, Saint Euphrate,
dont nous faisions couler en libations l’eau (gardée en nos) outres !
Pleurez-le, ô Gaillards d’Uruk-les-Clos,
Qui nous avez vu combattre et tuer le Taureau-géant !

— Tablette VIII de la version standard, traduction de J. Bottéro

La quête d’immortalité

La mort d’Enkidu fit craindre à Gilgamesh pour son existence. La peur de la mort le poussa à partir en quête du secret de l’immortalité et d’un moyen de ressusciter Enkidu.

Il entame alors une longue errance dans les espaces désertiques, qui le conduit au bout du monde afin de rencontrer Uta-napishti “Supersage”, survivant du Déluge, à qui les dieux ont accordé immortalité.

Une fois avoir traversé le long Défilé des Monts-Jumeaux et le Jardin enchanté des gemmes, Gilgamesh se trouve alors devant le rivage d’une Mer au-delà de laquelle, à la dernière extrémité orientale de la Terre, vit, éloigné de tout et de tous, le héros immortalisé du Déluge. Pour traverser cette Eau-Mortelle (littéralement « l’Eau de la Mort »), Gilgamesh reçoit l’aide du nocher d’Uta-Napishtim, un certain Urshanabi.

À peine débarqué, Uta-napishtim interroge Gilgamesh sur le but de sa visite. Ce dernier lui répond qu’il est à la recherche de l’immortalité, mais le vieux sage lui dit que seuls les dieux peuvent accorder cela. Et, que même s’il l’obtenait, il ne saurait surement pas la supporter.

Pour lui prouver qu’il n’est pas fait pour une vie sans fin, Uta-Napishtim décide de faire passer un test à Gilgamesh : il doit ne pas dormir six jours et sept nuits d’affilée. Pour lui démontrer, Uta-Napishtim demande à sa femme de lui préparer chaque jour son pain et de le déposer auprès de lui tout en y faisant une marque correspondante. Ainsi, l’état des septs pains, du plus ancien au plus récent, prouvera à Gilgamesh qu’il a bel et bien dormi sept jours. Plein de désespoir, il se voit promis à la mort.

Voyant Gilgamesh dans cet état, le vieux sage ne se voit pas le laisser repartir sans rien. Il lui révèle l’existence d’une plante sous-marine aux épines tranchantes, celui qui la consomme rallongera sa vie et regagnera en jeunesse.

Gilgamesh plongea dans la mer pour trouver la plante.

Sur le chemin du retour, Gilgamesh s’arrête devant un endroit d’eau pure pour se baigner et se purifier de son voyage. Pendant qu’il se baigne, un serpent, attiré par l’odeur de la plante, s’approche et la dévore.

Revenu sur le rivage, Gilgamesh ne trouve que la peau de mue du serpent qui a rajeuni.

Gilgamesh conclut qu’aucun homme, aussi riche et puissant soit-il, ne pouvait vaincre la mort, et il accepta sa fin !

Revenu à Uruk, il s’aperçut à quel point sa cité tait belle et durable. Son héritage de bon roi serait la chose la plus proche de l’immortalité qu’il pourrait atteindre. Gilgamesh décida de mettre par écrit ses aventures, éternisant ainsi son nom et celui d’Enkidu.


Certains symbolismes intéressants

  • La présence du chiffre 7 tout au long de l’épopée
  • L’évocation du Taureau omniprésente
  • La foret des cèdres et le symbolisme de ce bois noble

Symbolisme du chiffre 7

Le nombre 7 est bien universellement le symbole d’une totalité, mais d’une totalité en mouvement ou d’un dynamisme total. Il est, comme tel, la clef de l’Apocalypse (7 églises, 7 étoiles, 7 Esprits de Dieu, 7 sceaux, 7 Trompettes, 7 tonnerres, 7 têtes, 7 fléaux, 7 coupes, 7 rois..). Sept est le nombre des cieux bouddhiques. Avicenne décrit aussi les Sept Archanges princes des sept Cieux, qui sont les sept Veilleurs d’Hénoch et correspondent aux sept Rishi védiques. Ceux-ci résident dans les sept étoiles de la Grande Ourse, avec lesquelles les Chinois mettent en rapport les 7 ouvertures du corps et les 7 ouvertures du cœur. La lampe rouge des sociétés secrètes chinoise à 7 branches comme le chandelier des Hébreux.

Le Taureau comme la marque du temps

Le cèdre mythique


Réflexions, interprétations et discussion


Sources

Table des matières

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